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Frédéric Chereau, CEO - LogicBio Therapeutics
Portrait d’un Alumni intuitif et audacieux
Le parcours de Frédéric Chereau est fortement atypique?: issu d’un cursus scolaire mêlant sciences et commerce, cet entrepreneur instinctif a su mener sa carrière dans le monde des affaires avec brio, en marquant toujours sa préférence pour les domaines présentant une valeur technologique ajoutée élevée.
Aujourd’hui CEO de LogicBio Therapeutics, Frédéric vit à Boston où il jouit depuis peu de la nationalité américaine, gardant néanmoins un attachement particulier pour son école rochelaise.
Frédéric Chereau a su très tôt définir ce qu’il attendait de son futur professionnel.
Depuis toujours intéressé par les sciences et les technologies innovantes, mais sans jamais avoir voulu devenir scientifique, il se voyait bien faire du commerce dans des domaines technologiques.
Suivant son idée première, il commence par étudier la physique à Paris.
Tombé sous le charme de la Rochelle, Frédéric s’y installe en 1991 en intégrant directement la 2ème année de PGE.
Il obtient son diplôme en 1993 et se met en quête d’un poste dans des sociétés tournées vers l’innovation.
C’est un événement personnel qui sera le véritable point de départ de son chemin professionnel. Témoin de l’infarctus de son père, cet incident sonne comme une alerte à l’oreille de son intuition?: «?j’ai toujours été intéressé par la médecine. Et j’ai toujours pensé que la vie est jonchée de moments fondateurs. Celui-ci semblait en être un» se souvient Frédéric.
La chance lui sourit quelques mois plus tard?: il se voit proposer plusieurs postes dont une offre dans le domaine de la santé. C’est naturellement qu’il s’oriente vers celle-ci.
Sa carrière voit ainsi le jour dans une petite société française de vente de matériel médical?: «?Hemotech?», distributeur en France d’un laboratoire japonais. L’échelle à taille humaine de l’entreprise offre un terrain propice à une certaine liberté d’action et à une ambiance amicale entre les salariés, deux facteurs primordiaux pour Frédéric. Au cours des 6 années que le jeune homme passera à Hemotech, ses fonctions évolueront et l’amèneront à développer le département marketing de l’entreprise.
En 1999, la curiosité de Frédéric le pousse à vouloir évoluer vers d’autres horizons. Et c’est une fois de plus un peu par hasard qu’il entre dans le secteur de la biotechnologie.
Il y a 20 ans, l’Europe s’ouvrait aux débuts de cette science. Beaucoup en parlait, personne ne savait vraiment ce que c’était. Ce secteur se présente à Frédéric comme le terrain de jeu idéal pour son esprit de pionnier.
Il répond à une annonce de Genzyme , société spécialisée dans les maladies rares (dites «?orphelines?»), qui concernent très peu de patients et qui à l’époque n’attirent que très peu d’investissement de la part des laboratoires pharmaceutiques. Ces patients souffrent donc d’un besoin médical non satisfait très élevé et sont souvent touchés dès leur plus jeune enfance. Ce monde totalement nouveau pour beaucoup de personnes est une véritable découverte pour Frédéric.
Il rencontre donc le directeur marketing pour un poste de chef de produit et, convaincu par la qualité du contact établi avec lui, intègre avec plaisir les équipes de Genzyme. Il est alors le 32ème employé du site français de la société, qui comptait à l’époque environ 300 employés en Europe et 3000 dans le monde.
L’ambiance est exaltante, avec beaucoup de dynamisme. «Cela a vraiment été une chance de faire partie d’une société aussi pionnière dans son domaine ?», nous confie Frédéric. Alors qu’à l’époque l’industrie pharmaceutique parlait surtout rentabilité et comptes de résultats, Genzyme, sous l’impulsion de son CEO (« quelqu’un d’exceptionnel » se souvient Fréderic), a inventé le business model des maladies rares., et a démontré comment créer une entreprise profitable tout en fabriquant des médicaments pour un nombre très limité de patients.
Après un an dans la filiale française, les programmes marketing développés par Frédéric lui valent d’être contacté par les équipes du siège basé à Boston. On lui propose de déployer en Europe ce qu’il a réussi à accomplir en France.
Au fil du temps, son rôle évolue au gré des réorganisations et des rachats, passant du marketing au business development. Il devient la tête de pont d’une des business units de la société, et s’acquitte de sa mission de conquête de l’Europe en contribuant à imposer Genzyme comme le leader de la recherche innovante sur notre continent. En 2001, la société fut la première à y commercialiser les premiers produits de thérapie cellulaire.
Grand amateur d’innovations et du mode de pensée des technologies, il accepte avec enthousiasme de mener le rachat d’une société française de thérapie cellulaire qui développe un traitement révolutionnaire pour les suites de l’infarctus du myocarde. Cette opportunité lui offre sa première expérience d’entrepreneur car, sur la demande des fondateurs de Myosix, il en devient le CEO tout en continuant ses missions pour Genzyme. Une véritable chance, qui lui permet de développer un projet sans les risques habituellement encourus. La startup bénéficie à la fois des compétences scientifiques de ses fondateurs et du support de Genzyme. Une période intense?: Genzyme la journée, Myosix le soir. Frédéric le vit pleinement, il apprend, évolue, fréquente les entrepreneurs français de la biotechnologie, et acquiert une précieuse expérience auprès de gens qu’il apprécie…? «il est évident que la qualité et les compétences des gens avec qui tu interagis ont un impact énorme sur ton apprentissage.?J’avais un bon feeling avec les fondateurs, et je suis d’ailleurs encore en contact avec eux », nous raconte Frédéric, chez qui transpire ce besoin de communion d’esprits et d’environnements professionnels sains et amicaux.
Myosix se développe, créé de l’emploi, et lève des fonds. Ces projets donnent naissance à une « joint-venture » entre Genzyme et la société Medtronic (un des géants du dispositif médical américain). Frédéric Chereau accepte de venir la cogérer aux États-Unis et part s’installer là-bas en 2005.
Il devient directeur général de la division cardiovasculaire en 2006, poste au cours duquel il dirigera la plus grosse acquisition de produit que Genzyme ait jamais réalisée (2,3 milliards de $).
C’est en 2008, au bout de presque 10 ans de carrière chez Genzyme, que Frédéric décide de tenter une vraie expérience d’entreprenariat. Il a l’opportunité de rejoindre une startup, Pervasis Therapeutics, qui développe une autre technologie innovante de thérapie cellulaire issue du MIT. Mais 2009 voit arriver la crise économique dont beaucoup se souviennent… «?Ce n’était pas les moments les plus faciles de ma vie. En terme de stress c’est peut-être là où ça a été le pire. je me suis vite rendu compte que la complexité des problèmes que tu as à gérer par rapport aux moyens disponibles est démultipliée. Et quand tu es CEO, comme le disent les américains, tu te sens «?lonely at the top?»,
Après des hauts et des bas, Pervasis fait front et sort de la crise. La société arrive à lever 17M$ et démarre un nouveau programme de recherche, dont les ramifications s’étendent jusqu’en France.
En 2012, Frédéric vend Pervasis à Shire, une entreprise spécialisée dans les maladies rares et qui s’intéresse à la médecine régénérative.
Une fois la société vendue et Frédéric libéré de ses obligations, Shire le recontacte et le sollicite pour redynamiser, une division qui « végète » depuis 5 ans. Le challenge est intéressant, et sachant qu’il a l’intention de repartir dans une startup, Frédéric se donne 6 mois de réflexion, pèse le pour et le contre et finit par accepter.
Une décision qu’il ne regrette pas. L’absence d’enjeux de carrière aidant, il bénéficie d’une liberté de penser qui lui permet d’être ambitieux et de prendre des risques. Il développe une stratégie de rupture, à contre-courant des méthodes classiques, et propose l’acquisition de la société Viropharma au conseil d’administration de Shire pour un montant de 4,2 MD$. En dépit des doutes initiaux d’une partie du management de Shire, force est de constater que cette opération reste à ce jour un des plus beau retour sur investissement de la société : cette business unit étant devenue une des plus importantes de l’entreprise, en passant de 32M$ de chiffre d’affaire à plus 1,2MM$ en moins de 4 ans.
S’en suit une nouvelle expérience dans une startup en Californie. En plus de s’installer dans un lieu de vie agréable, cette expérience lui fait découvrir un nouveau levier de levée de fonds. Il participe pour la première fois à une IPO (procédé de mise en bourse)...
Cette parenthèse fermée, il est contacté en 2015 par un investisseur, qui souhaite créer une entreprise avec trois scientifiques de l’Université de Stanford. Ces chercheurs, dont les travaux ont été publiés par les meilleurs journaux scientifiques ont inventé une nouvelle façon d’éditer le génome humain.. Cette technologie, à la fois très élégante et très différenciée par rapport à l’existant, le pousse à accepter le challenge. Il s’emploie à faire sortir de terre ce tout nouveau projet, et LogicBio Therapeutics naît ainsi en avril 2016, depuis le domicile de Frédéric Chereau.
Rapidement, il embauche une première personne et quelques consultants. Après avoir levé 45 M$ en juin 2017, Frédéric délocalise la société à Boston pour à la fois bénéficier du réseau crée pendant ces 9 premières années aux Etats Unis mais aussi être au cœur du pôle mondial de l’innovation en biotechnologie. La capitale du Massachusetts concentre les 4 principaux ingrédients nécessaires au développement des startups de biotechnologie : les meilleurs laboratoires de recherche universitaire, des investisseurs spécialises et un pool de professionnels unique au monde.
LogicBio Therapeutics est entré en bourse (NASDAQ) en levant 80 M$ en octobre dernier, emploie 30 personnes aujourd’hui, probablement 45 fin 2019 afin de lancer son premier essai clinique.
Plus que le début d’une nouvelle histoire, c’est avant tout une promesse pour tous ces patients qui pourraient bénéficier de cette nouvelle technologie.
Frédéric Chereau est un homme investi, pour qui le rapport aux autres est essentiel. Ces qualités se retrouvent aussi bien dans sa vie professionnelle qu’à travers les liens qu’il tisse au fil des étapes de sa vie. À l’origine parti pour 2 ans en 2005, Frédéric et sa famille ont pris la nationalité américaine en avril dernier. Très heureux de sa vie aux États-Unis, il a néanmoins toujours gardé un attachement particulier envers la France, envers tous ceux qui ont croisé sa route et ont participé à la construction de son chemin. C’est une des raisons qui le font revenir à La Rochelle dès qu’il en a l’occasion (hormis les huîtres et le rugby bien évidemment)?: ce lien fort avec Excelia Group (ex Sup de Co), où les 2 années fantastiques qu’il y a passé lui ont donné les premières clefs de sa réussite et forgé des amitiés qui durent toujours…
Après avoir assuré la présidence de l’association Alumni de 1997 à 2001, son lien avec l’école se renoue en 2006 lorsque Daniel Peyron monte le Comité d’Orientation Stratégique, Frédéric répond à l’appel et accepte de représenter les alumni au COS, (le COS a pour but de définir le positionnement stratégique de l’école). «?J’avais rencontré Daniel Peyron un peu par hasard, et nous avions eu une très bonne discussion sur le développement de l’école. Sa proposition était un bon moyen pour moi de rendre à l’école un peu de ce qu’elle m’avait apporté. », nous explique Frédéric. Le COS compte environ 15 membres, dont Frédéric fait toujours partie.
Incontestablement, Frédéric est de ces alumni qui auront fait honneur à l’association et à Excelia Group. Un exemple pour nous tous.
Un grand merci à toi, Frédéric.
?
?Les questiond du réseau Alumni
Frédéric Chereau se prête au jeu des questions-réponses?:
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?
Quelles sont vos principales missions en tant CEO de LogicBio?
Faire tout ce qui est possible pour proposer dans les meilleurs délais un produit à ces enfants atteints de maladies rares pour lesquelles il n’y a aucun traitement.
?
Quel est votre meilleur souvenir de l’école et de ces années étudiantes ?
L’esprit des premières promos. Des gens incroyables qui n’avaient pas peur de pousser les portes d’une école qui venait d’ouvrir, où tout restait à faire… Mais aussi une vie étudiante très … « intense ».
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Auriez-vous quelques conseils à donner à nos étudiants, futurs professionnels ?
De retenir la devise d’Eleanor Roosevelt?: «?Le futur appartient aux gens qui croient en la beauté de leurs rêves ». N’ayez pas peur de prendre des risques: que vous en sortiez avec un succès ou un échec, vous en sortirez grandi.
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Un mot pour conclure...
Continuez comme ça (Alumni Excelia Group) ! il commence à y avoir un vrai réseau d’anciens élèves, qui j’espère va continuer longtemps?pour que de nombreux futurs étudiants en profitent.
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